vendredi 6 janvier 2017





"transparences"

huile sur papier préparé à la caséine
maroufflé sur toile
60 cm x 80 cm




Texte de l'écrivain Anne-Michèle Hamesse à l'occasion de:

Dessins, peintures, sculptures
Braam Gallery
9 rue Fourmois
Bruxelles

Décembre, janvier 2016

J’avais déjà , en 2011, témoigné du formidable choc que provoque la confrontation d’une oeuvre aussi extrême que celle de Karabitian.
L’artiste expose cette fois encore à la Braam Gallery et j’ai retrouvé, inchangée, la même émotion qui m’avait saisie, il y  déjà six ans, en abordant cette œuvre gigantesque.
A l’instar des rares artistes qui tentent de recréer le monde et qui, par leur puissance créative et
multiple, parviennent à se hisser au rang des demi-dieux, Enrique Karabitian ordonnance le chaos,
invente un monde nouveau, un univers particulier différent de celui qui nous est familier et qui n’existe que par sa seule volonté, son énorme talent.

Il ne quitte pourtant jamais les attributs du réel, resté enfant de la terre, il sait manier le fusain, même la boue, l’huile comme le bronze, en a fait ses outils de prédilection.
S’y glissent  aussi, comme par effraction, des coulées de couleurs, qui semblent édulcorer le propos , l’adoucir, le redéfinir en le rendant plus tendre,
plus humain.

Mais l’énergie puissante et la recherche inapaisée demeure.
Un ailleurs se voit redéfini, meilleur mais aléatoire,
le questionnement se lit en chaque œuvre et s’expose en un ton parfois désespéré.
La dénonciation et l’interrogation brute surgissent aussi, il n’y a qu’à regarder ces signes noirs, ces menhirs de pierre,  apparitions sensibles et dures, énergies interpellantes et surgies du chaos.
Il y a ces sculptures semblables à des galets précieux endormis, aux ors doux au toucher.

J’ai particulièrement rêvé devant l’esquisse tremblée de cette cathédrale blanche, vacillante comme un espoir décu, mais qui reste debout, bien ancrée aux cimaises, retenue de s’élancer en un désir de retour à la pureté perdue, un envol vers l’innocence d’un ailleurs espéré.

L’exposition d’Enrique Karabitian contient, à elle seule, un monde aux parcelles à recomposer par chacun de nous, pour y percevoir un hymne neuf, encore jamais entendu, comme un cri de lumière.


Anne-Michèle Hamesse
Bruxelles, décembre 2016